12 mai. Eric Hermeline, le président de l’association Buralistes en colère (née en 2018), qui regroupe plus de 5 000 buralistes followers sur Facebook, a écrit aux ministres de la Santé (Olivier Véran), de l’Economie (Bruno Le Maire) et de l’Action et des Comptes publics (Gérald Darmanin).
« C’est en ma qualité de président de l’association Buralistes en colère que je vous adresse cette présente. L’association que je représente est née en 2018 et regroupe plus de 230 membres buralistes actifs et une page Facebook avec plus de 5 400 interactions. Un panel représentatif de notre France où l’entraide et le développement de nos entreprises à travers des idées de diversification, mais également un combat, celui de pointer du doigt les inepties de
certaines lois, ainsi que l’incompréhension de l’obstination à ne pas comprendre les chiffres que nous essayons tant bien que mal à expliquer en relation directe à une taxe comportementale.
Le confinement relatif au Covid-19 aura permis de mettre à jour officiellement ces dérives liées au tabac, ainsi que l’ampleur de ces achats transfrontaliers et de contrebande. Chiffres que nous dénonçons depuis la création de cette association, à travers une rencontre avec M. Florian Colas (secrétaire d’Etat de M. Darmanin), mais également à travers divers députés.
La genèse de notre association représentative de la profession de buraliste a également comme objectif de proposer une politique santé relative au problème de la lutte contre le tabagisme. Je ne remets aucunement en question la volonté sanitaire originelle de préservation de la santé publique.
C’est à ce titre d'illustration de notre volonté de préserver la santé de nos concitoyens, que j’ai proposé diverses pistes lors de notre rendez-vous à Bercy, ainsi qu’à travers nos divers échanges que nous ont octroyé divers députés. J’aimerai vous les soumettre :
- Présentation obligatoire de la pièce d’identité attestant la majorité de l’acheteur.
- Équipement de tous les points de vente tabac d’un écran avec diffusion de messages sanitaires et de pénalités financières et pénales en cas d’infraction lié à l’acquisition de tabac, autre que dans le réseau officiel (message diffusé et contrôlé par les douanes et pouvant être financé par l’enveloppe dédiée à la transformation de nos fonds de commerces et non épuisée)
- Le tabac étant un produit d’état, il est inconcevable que celui-ci ne soit pas vendu exclusivement dans le réseau officiel français, c’est pourquoi nous demandons l’interdiction d’importation d’un produit qui est régi par l’Etat. Par conséquent je propose qu’aucun produit du tabac ne puisse
être importé des pays appartenant à l’espace Schengen par un particulier ou venant de l’étranger ou limité à deux paquets maximums.
- Gel des prix et des taxes sur le tabac, permettant de mieux s’aligner sur les prix européens et d’apposer une directive tarifaire européenne face au marché de contrebande.
S’offrir la garantie de la bonne exécution d’une ambition politique santé et économique passe aussi par l’étude du comportement des citoyens face à cette politique menée sans succès depuis des années.
Ce préalable étant posé, je souhaite vous faire part des derniers chiffres de vente du tabac pour le mois de mars. Sur le seul mois de mars malgré une tendance nationale en volume à – 25 % sur la première quinzaine, la deuxième quinzaine (correspondant au début du confinement) clôture le mois sur une tendance globale à – 7 %, soit une progression de la vente en volume par rapport à la première quinzaine de mars ! Le mois d'avril ne fait que confirmer cette tendance, accentuant le phénomène (…), malgré les difficultés pour nos confrères à se faire ravitailler en tabac, n’ayant d’autres choix que de se présenter régulièrement plusieurs fois par semaine en centre de réapprovisionnement.
Engendrant des frais de route, des heures en dehors de leurs commerces, jusqu’à dormir dans leurs véhicules pour pouvoir satisfaire la demande croissante de leur clientèle, avec les risques accrus liés à ce phénomène dont Logista n’a pu résoudre l’équation. Malgré le fait que même si cela a freiné le marché de contrebande, celui-ci n’a jamais cessé de perdurer à traiter ses affaires sous le manteau.
Les hausses de vente en volume les plus fortes observées sont celles relatives aux régions frontalières (quelle que soit la frontière), certains buralistes ayant vu leurs volumes de vente augmenter de 200 %, 300 %, voire davantage ! A ce titre, les situations particulières des régions frontalières illustrent
parfaitement les dérives de la politique de santé. Les fumeurs n'ont pas arrêté de fumer mais s'approvisionnent simplement dans un autre réseau que celui des buralistes français.
Je vous ferais remarquer pour appuyer ce fait que les régions frontalières sont celles où la prévalence tabagique est la plus élevée à l'échelon national, ce qui démontre l'inefficacité de la politique de santé contre le tabagisme, qui n'inclut pas l'aspect prévention, mais uniquement basée sur l’aspect d’une seule thématique, le prix ! Fort de constater l’échec cuisant d’une telle politique à travers la remontée de ces chiffres. À toutes fins utiles, je vous rappelle que le fameux million et demi de fumeurs en moins en France, dont se prévalait Madame Buzyn, relayé à grand renfort par les médias et aucunement remis en question par la Confédération des buralistes est basé sur une simple enquête téléphonique auprès de 9 074 personnes représentatives de la population... On voit à quel point cette méthodologie était pour le moins contestable, tant sur le fond que sur la forme. Un autre point jamais abordé, c’est l’évasion fiscale ou l’optimisation fiscale qui découle automatiquement du comportement des fumeurs n’en est pas moins une perte sèche pour les caisses de l’Etat, se chiffrant en plusieurs milliards d’euros. Des fonds indispensables pour la Sécurité sociale, ainsi que pour toutes les filières bénéficiant de ces taxes du tabac. Nous parlons de 5, 6, 8 milliards d’euros. Une gouttelette au vu du gouffre de la Sécurité sociale, mais une sacrée gouttelette que vous offrez aux pays voisins et au marché de contrebande.
Cette vision uniquement fiscale, basée sur le prix du tabac en France, sous couvert d’une politique santé et le comportement des fumeurs n'est pas compatible, la preuve par les chiffres étant établie. Des milliards d'euros de recettes fiscales remplissent chaque année les caisses des pays limitrophes (sans parler du marché de contrebande...), ce qui représente un réel manque à gagner pour les caisses de la Sécurité sociale Française d'autant que ces fumeurs ne se font pas soigner dans les pays où ils effectuent leurs achats il me semble... Je sollicite par conséquent auprès de vous et de votre ministère un rendez-vous de toute urgence, afin de poser de nouvelles bases d'une politique de santé réellement efficiente et non plus seulement basée sur la seule augmentation des prix du tabac. »
Contact : ABEC, 14 rue de Gascogne, 32150 Cazaubon
postmaster@association-buralistes-en-colere.fr