Le cigare fait main a-t-il une carte à jouer dans l’univers en recomposition du tabac ? En toile de fond, il y a la surfiscalisation des cigarettes, avec des taxes massives (qui vont repartir à la hausse de 2023 à 2025 dans le cadre du plan Cancer qui a été décidé) et désormais une écocontribution de 80 M€ pour traiter les mégots (Alcome).
Déjà certains cigarettiers évoquent une possible hausse d’une vingtaine de centimes sur un paquet de 20, et ce dès la fin de 2021 ou au courant de 2022 consommation modérée et surtout associée au plaisir d’un moment de détente. De plus en plus de buralistes constatent ce phénomène, avec un élargissement de la base de consommateurs et de propositions commerciales. Une dizaine de fournisseurs commercialisent en France ces cigares au conditionnement rustique.
Que ce soit en tripe courte (tabac haché) ou longue (feuilles entières), ils représentent l’entrée de gamme de ce segment de marché, avec à l’autre pour financer ces opérations de collecte et de recyclage. Par ricochet, ces surcoûts vont bien évidemment impacter les tabacs à fumer et certains cigarillos avec filtres, mais beaucoup moins le cigare fait main. Celui-ci reste accessible pour de nombreuses bourses, puisqu’un aficionado peut encore acheter un totalmente hecho a mano à partir de 2,90 € le robusto.
Le fagot est donc le moyen d’intéresser des amateurs qui souhaitent basculer de l’addiction à la cigarette vers une extrémité des faits-main en édition ou série limitée, souvent associés à des feuilles de tabacs ou des cigares vieillis. On commence ainsi à environ 3 € pour dépasser les 20 € pour les pièces les plus prestigieuses. Les problèmes d’approvisionnement des Habanos depuis Cuba favorisent incontestablement ses concurrents, y compris les trafiquants. La contrefaçon de cigares cubains, qui occupent plus de la moitié du marché, se développe notamment en Corse.
Par Bruno Cornec, rédacteur en chef
b.cornec@aucoeurdesvilles.fr