La situation de la filière tabac en France est factuellement rude, mais pas désespérée… Les ventes officielles en débit et les saisies des douanes sont en baisse, mais des solutions existent et certains opérateurs ont confiance dans l’avenir du réseau…
En divisant le chiffre d’affaires (CA) TTC par le tonnage, on constate en France que pour 1 000 cigarettes, le marché a augmenté de presque 56 € par rapport à 2023 et même d’environ 100 € par rapport à 2022. Et on observe le même phénomène sur le tabac à rouler et à tuber, avec +10,12 % en 2024 (voir page 9). Évidemment face à ces hausses massives de prix, le marché officiel s’effondre…
On enregistre ainsi trois mois consécutifs de fortes chutes à environ deux chiffres, après les -11,5 % sur le cumul en volume 2024 en France continentale et livré par Logista tous segments confondus (voir page 23). Certains consommateurs font donc le choix du marché parallèle, mais pour autant les forces de l’ordre sont à la peine pour contenir le phénomène…
Cette seconde année de repli sur les quantités de contrebande-contrefaçon saisies intervient après les -19,7 % de 2023 (voir page 29). Les douaniers font ce qu’ils peuvent, avec par exemple les opérations Colbert et désormais Stop Trafics dans certains commerces et rues du nord et l’est de Paris (voir page 7). Mais les réseaux criminels s’organisent de mieux en mieux comme les narcotrafiquants et surtout les sanctions sont minimes pour le tabac. À titre d’exemple : un braqueur de camion Logista en prison est un ami d’enfance dunarcotrafiquant Mohamed Amra, qui a fait tuer ses gardiens de prison (voir page 21). Et justement, le chiffre d’affaires de Logista dans l’Hexagone n’est pas au beau fixe.
Le logisticien tabac perd ainsi du chiffre d’affaires sur le 1er trimestre 2025 dans l’Hexagone, à l’opposé des autres pays voisins où le groupe est présent, à l’image de l’Italie et l’Espagne (voir page 10). On constate donc que la situation n’est pas inéluctable, puisqu’en Europe, certaines nations arrivent à surmonter la crise de la filière. Et justement, certains fabricants comme JTI continuent de croire en ce marché, en homologuant une quinzaine de nouveaux produits (Camel et Winston) chez Logista depuis le début de l’année 2025 (voir page 33). Par ailleurs, si l’on en croit les résultats mondiaux 2024 du cigarier danois STG, la part des cigares faits main peut encore largement progresser en Europe (5 % du CA), par rapport au reste du monde (36 %).
En effet, la Confédération européenne des détaillants en tabac a publié récemment sa première étude réalisée en mai 2024 dans six pays dont la France. Même si les ventes du tabac vacillent, d’autres marchés progressent en Europe à l’image de la vape, du CBD, des sachets de nicotine, ou des services bancaires comme ceux de Nickel (filiale de la BNP depuis 2017) (voir page 47). Un second réseau bancaire s’intéresse aux buralistes…
Le Groupe Crédit Agricole affirme financer aujourd’hui en France un buraliste sur deux et investit même depuis quelques années dans sa filiale de cautionnement notamment tabac : CAMCA Courtage (voir page 26).
Charles de Courson a fourni un mémo à la Commission des finances de l’Assemblée nationale enjoignant les pouvoirs publics à plus de sérieux dans leurs calculs sur les accises et, par conséquent, à tenir compte de la réalité de la consommation du tabac. On peut ainsi espérer qu’en fin d’année, le ministère de la Santé soit moins pressant sur les éventuelles hausses de taxes pour 2026 (voir page 7).