Tabac

Édito | France : la deuxième plus forte fiscalité tabac d’Europe continentale

Comment expliquer les hausses de prix importantes des cigarettes, du tabac à rouler et à tuber, et des cigares-cigarillos applicables en janvier, puis en février 2025 (voir page 41) ?

Certains fournisseurs ont augmenté leurs prix de quelques dizaines de centimes

Dès le début de l’année et d’autres les ont adaptés un mois plus tard. Chaque année, en janvier, les fabricants-distributeurs doivent obligatoirement rehausser leur tarification du niveau de l’inflation de l’année précédente et commencer à provisionner les versements qu’ils doivent à l’éco-organisme Alcome pour la collecte et le recyclage des mégots, soit presque 75 M€ pour 2025 (voir page 6). Mais appliquer une telle hausse liée à une taxe et à un prélèvement obligatoire sur une fiscalité tabac qui est déjà la deuxième plus forte d’Europe continentale après les Pays-Bas, notamment en cigarettes, devient insupportable pour les buralistes et leurs clients fumeurs (voir page 38). À la clé : un développement chronique du marché parallèle et une chute des ventes officielles dans l’Hexagone…

-11,5 % sur le cumul 2024 à fin décembre sur le tonnage tabac

En France, après les trois années précédentes de baisses des ventes chroniques en volume chez les buralistes : -7,9 % en 2023, -6,7 % en 2022 et -6,2 % en 2021 et les -0,5 % en 2020 pendant l’année des fermetures des frontières nationales (voir page 23). Des diminutions conséquentes en tonnage que l’on retrouve aussi en chiffre d’affaires tous segments confondus (sauf en 2020, Covid-19 oblige) : -3,2 % en 2024, -1,1 % en 2023, - 6,7 % en 2022, - 1,2 % en 2021 et +12,6 % en 2020. Ce qui mécaniquement débouche sur une baisse des revenus des buralistes puisque leur remise est proportionnelle au CA TTC, malgré les légères hausses en pourcentage de cette rémunération nette sur le tabac chaque année, qui passe de 8,25 % en 2024 à 8,35 % depuis début janvier 2025 (voir page 8). Ceci aboutit à une chute massive d’activité dans le réseau des débitants de tabac, avec en revanche seulement une légère baisse en tabagisme quotidien à 23,1 % en 2023 et, la même année, on constate une stagnation du taux régulier et irrégulier autour des 31 % de la population générale, selon Santé publique France. Et pourtant l’État et les associations qu’il subventionne largement attaquent les alternatives au tabac combustible.

Des sachets de nicotine menacés par les autorités

Deux cigarettiers commercialisant en Europe les fameux « pouches » défendent leurs produits (voir page 7) : la filiale Philip Morris France accusée de proposer ses Zyn avec de l’arsenic vient de publier les résultats d’une analyse d’un laboratoire international affirmant le contraire ; et, de son côté, BAT a lancé une campagne de communication au niveau national afin d’engager un débat public sur les produits alternatifs au tabac combustible. En effet, après avoir mené un processus d’interdiction des puffs jetables qui sera effectif probablement dans quelques semaines ou mois, les pouvoirs publics souhaitent aussi interdire les sachets de nicotine prochainement. Un vrai débat, ouvert au grand public et plus seulement limité aux décisions du petit cercle des antitabac, s’avère nécessaire (voir page 45). À cet effet, la situation des buralistes peut paraître sombre, mais d’autres segments de marché se portent bien, à l’exemple du paiement des factures ou des jeux et paris (voir page 14).

Nirio et la FDJ se développent

La croissance de la Française des Jeux s’appuie en grande partie sur le réseau des buralistes. Ainsi, le service de paiement dans les bureaux de tabac des factures, de bailleurs sociaux ou de concessionnaires publics, vient de signer un contrat avec 19 nouveaux partenaires. Mais, au-delà de Nirio, ce service certes rémunéré ramène surtout des clients dans le point de vente, comme l’activité colis. On constate que les jeux et paris de la FDJ enregistrent plus de 65 % du marché global, avec, en complément, un peu plus de 4 % pour le PMU en 2023, selon l’OFDT. La bonne nouvelle est que le chiffre d’affaires de l’un comme de l’autre progresse sur le premier semestre 2024. Le reste du marché se répartit de façon marginale sur les casinos, les machines à sous et autres parties de poker. Ces activités ludiques ont tout de même concerné plus de la moitié des Français en 2023, toujours selon l’OFDT (voir page 14).

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