Tabac

Hongrie | Un jeune monopole de vente du tabac

Avant 2013, les consommateurs pouvaient acheter du tabac partout en Hongrie (magasins d’alimentation, stations-service, centres commerciaux, supermarchés, etc.). Mais avec la nouvelle législation, entrée en vigueur en juillet 2013, la vente du tabac et des accessoires est exclusivement réservée aux bureaux de tabac, spécialement créés pour limiter l’accès des jeunes au tabac et les dissuader d’en acheter. De 42 000 points de vente, le réseau est passé
à 5 500 débits, soit une baisse de 87 % des points de vente en seulement deux jours. Une densité réduite avec aujourd’hui un buraliste pour 4 000 habitants. Cependant, 500 buralistes ont dû être désignés par le gouvernement, car dans certaines petites communes aucune demande de concession n’avait été
déposée, privant ainsi la population locale de ce service. Les gagnants des appels d’offres de cette « nouvelle profession » ont obtenu une licence pour une durée de vingt ans.
L’avantage de la réforme pour ces commerçants d’un nouveau genre en Hongrie est que le prix du tabac a augmenté pour le consommateur final, de telle manière que la remise tabac est passée de 4 % à 10 %. La distribution du tabac chez les buralistes est assurée par une seule entreprise de logistique, l’Országos Dohányboltellátó Kft, qui bénéficie depuis 2015 d’un contrat de concession avec l’État pour vingt ans.

Des vitrines de débits aveugles et bientôt des paquets neutres
En Hongrie pour décourager la jeunesse de fumer, la devanture du magasin est peu engageante, avec sa vitrine aveugle et « générique ». En outre, les moins de 18 ans ne sont pas autorisés à y entrer, même s’ils ne souhaitent acheter qu’une canette de soda ou des confiseries. À partir du moment où du tabac, des
jeux et de l’alcool y sont vendus, l’accès aux débits de tabac est interdit aux mineurs. Et bientôt en 2022, les paquets neutres « à la française » rempliront les
linéaires hongrois. Et comme en France, les distributeurs automatiques sont interdits, alors qu’ils sont autorisés à l’extérieur du débit en Italie et installés et gérés par les buralistes à différents endroits en Autriche. Outre les produits du tabac et leurs accessoires, les buralistes présentent des boissons alcoolisées, des sodas, des glaces industrielles, du snacking, ainsi que des recharges téléphoniques et des jeux (loteries, loto). Or, la vente de ces produits n’est pas vraiment libre, puisqu’ils doivent demander l’autorisation de les vendre à leur administration de contrôle. Les jeux, sous contrôle de l’État, sont également une exclusivité du réseau. Étant donné la jeunesse de ce réseau, les services aux citoyens (paiement de factures ou impôts, guichet postal, logistique de colis, ventes de billets de train, ouverture de compte, etc.), que l’on trouve chez les autres buralistes européens, ne sont pas encore disponibles.


Une formation obligatoire à distance
Dès le début, le gouvernement a imposé aux buralistes une formation au métier pour pouvoir exercer. Chaque année, les buralistes hongrois doivent suivre une formation à distance à partir d’un système d’e-learning assuré par un organisme public. Et s’ils ne suivent pas ces formations, la concession leur est retirée. D’ailleurs, l’Alliance des buralistes hongrois, fondée en 2002, organise des formations pour ses membres, des événements et des conférences professionnelles pour un partage des connaissances. Avant de lancer leurs programmes de formation, les représentants de cette association, la seule en Hongrie, ont étudié les systèmes français et italiens et s’en sont inspirés.



Cap sur les nouvelles tendances 
La croisade antitabac très vigoureuse du chef du gouvernement Viktor Orban, qui lui a valu d’être décoré par l’OMS en 2013, a surtout permis de réduire de 200 000 le nombre de fumeurs en un an (dans un pays de près de 10 millions d’habitants), soit une baisse d’environ 2 %. Malgré tout, les fumeurs hongrois (27 % de la population) grillent encore 850 cigarettes traditionnelles par personne par an. Selon les dernières statistiques nationales, 39 % des fumeurs ont moins de 30 ans et sont plutôt branchés tabac à chauffer. Ce produit a connu une croissance dynamique en 2019 en raison de sa nouveauté, de la hausse des prix des cigarettes, de l’interdiction de fumer et de l’inquiétude pour la santé qui a encouragé les fumeurs de cigarettes à trouver des alternatives moins risquées.
Bien que la cigarette électronique (dispositif et produits), vendue exclusivement chez les buralistes depuis 2016, ne compte que 200 000 adeptes, 85 % des e-liquides (avec ou sans nicotine) sont achetés sur le marché noir. Face à ce nouveau fléau, le 1er mars dernier, le gouvernement hongrois a baissé la taxe sur les liquides à base de nicotine afin d’enrayer le phénomène. Toutefois, selon BAT Hongrie, pour vraiment inverser la tendance, le gouvernement devrait valoriser la qualité des produits légaux auprès des consommateurs qui n’ont absolument pas conscience d’acheter des produits dangereux.

Les marques blanches représentent 50% des cigarettes illégales
La consommation totale de cigarettes en Hongrie, qui a progressé de 5 % en 2019, confirme une tendance à la hausse depuis 2016. Cependant, la consommation de cigarettes illégales dont le volume enregistré en 2019 est de 600 millions, soit une augmentation de 7,2 %, est essentiellement due aux marques blanches qui ont représenté plus de 50 % des cigarettes illégales entrant sur le territoire. La République tchèque et la Slovénie (dont les prix du tabac sont encore très bas) sont les principales sources d’approvisionnement du marché noir pour la Hongrie et d’autres pays voisins.

Touchée par les ventes transfrontalières
La Hongrie, comme la France, est concernée par les ventes transfrontalières. Ainsi, ce pays dispose de cinq frontières (l’Autriche, la Slovaquie, l’Ukraine, la Roumanie et la Croatie) : quatre de ces pays vendent le paquet de cigarettes légales et illégales moins cher. Néanmoins, bien que le prix moyen d’un paquet ne soit que de 3,87 € en Hongrie, le revenu mensuel moyen d’un Hongrois ne dépasse pas les 670 €.
Durant le premier confinement de la Covid-19, les ventes en volume des buralistes hongrois (3,87 €) près de la frontière avec l’Ukraine (1,53 €) ont grimpé de près de 68 %, tandis que celles des débits installés aux confins avec l’Autriche (5,06 €) ont chuté de 22,6 %. Néanmoins, une frontière en Hongrie n’est jamais bien loin du centre du pays et les buralistes hongrois seraient favorables à une réduction des quantités de tabac qu’une personne peut rapporter en Hongrie, identique à celle qui est appliquée en France, mais adoptée au niveau européen.

L'essentiel :
10 millions d’habitants ; France : 65 millions
5 500 buralistes (1 pour 4 000 habitants) ; France : 23 800 buralistes (1 pour 2 700 habitants)
2002 : Naissance de l’organisation représentative, l’Alliance des buralistes hongrois ; France : l’Union syndicale des débitants de tabac (devenue la Confédération des buralistes) existe depuis 1903

10 % : Montant de la remise tabac ; France : 9,94 % de remise brute
27 % de fumeurs ; France : 30,4 %

Un salon pro sur Internet
Les buralistes hongrois sont les premiers de la profession en Europe à avoir bénéficié d’un salon professionnel en ligne du 9 au 15 novembre 2020, en raison de la crise sanitaire de la Covid-19. Malgré cette édition numérique, appelée Online Tabak Expo, ils ont été au rendez-vous pour passer des commandes et chatter sur les produits avec les exposants. Le site a enregistré une fréquentation moyenne de 3 000 visiteurs par jour. Cet événement annuel relativement récent en Hongrie, tout comme le réseau, est très prisé des buralistes hongrois qui ne bénéficiaient pas auparavant d’un salon dédié à l’ensemble de leurs activités.

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