De nombreux observateurs constatent un net regain d’intérêt pour les quelque 24 000 débits, avec de plus en plus de marques d’attention de candidats au rachat de ces « Carottes ».
Des Marchés Porteurs
En période de pandémie, être un commerce « essentiel » donne des ailes au réseau, avec de plus des marchés à remise stable ou presque (tonnage tabac à - 0,5 % en 2020 ; ou PMU et presse en pleine réorganisation), ou en nette progression (FDJ)... Sans oublier également les produits à fortes marges en hausse (vape) et avec un très bel avenir (CBD). Et justement les parlementaires de tous bords politiques soutiennent le réseau en exigeant une transposition rapide dans le droit français des décisions judiciaires européennes concernant le CBD (p. 12), ou des mesures anti-marché parallèle tabac (p. 8), en attendant un début d’harmonisation fiscale européenne (même si celle-ci aura ses limites).
Un Monopole Qui Fait Des Émules En Europe
Autre point encourageant : le monopole de vente au détail du tabac (déjà en place de longue date en France, Autriche, Espagne et Italie) commence à faire des émules européens, avec la Hongrie qui s’y est mise il y a quelques années et la Belgique ou les Pays- Bas qui y pensent sérieusement (p. 60 et 61).
Un Répit Fiscal De Deux Ans
Par ailleurs, même si l’actuelle majorité présidentielle a augmenté le prix moyen du paquet de 20 cigarettes afin qu’il atteigne 10 € sur quelques années, elle est aussi celle qui a accordé deux années de répit fiscal sur le tabac en 2021 et 2022 (p. 36). Le temps de retrouver un second souffle ?
+ 1,20 point sur la remise nette tabac en six ans
L’État a augmenté progressivement la remise nette tabac de 6,90 % (hors cigare) en 2016 à 8,10 % en 2022. Ajoutons que l’actuel Gouvernement finance depuis presque deux ans un ambitieux Fonds de transformation pour la rénovation des boutiques (avec 2 200 débits qui ont fait réaliser en 2020 un audit avant les travaux, soit un peu moins de 10 % du réseau). Une refonte de l’aide à la sécurité a aussi été mise en place pour tenter de protéger au mieux des débits de tabac en but à la convoitise des malfrats (p. 36 et 37). À ce propos, le principal assureur de la profession avec 16 000 buralistes sur près de 24 000, Mudetaf, a enregistré en 2020 (p. 45) presque +6 % sur les agressions et +60 % sur les arnaques (cartes prépayées, paris sportifs...).
Un bilan 2020 contrasté
Selon les organismes liés à la Confédération des buralistes, le bilan de l’année écoulée est plutôt contrasté. Ainsi Buralgestion (centre de gestion agréé spécialisé dans les buralistes) annonce un revenu moyen global en 2020 en très légère baisse pour les tabac- presse (- 0,79 %) et en chute significative forcément pour les bars-tabac (- 15,60 %), puisque l’activité boissons et restauration est quasi interdite en France depuis des mois (p. 39). On peut donc légitimement se dire que le bilan est plutôt encourageant en période de crise financière et sanitaire aiguë. Autre point positif : le cautionneur des buralistes, EDC, constate en 2020 une baisse de presque 40 % des défaillances sur les paiements qu’il garantit (tabac, presse, jeux...), avec seulement 271 sinistres (p. 40).
Le réseau a donc une bonne image économique et une solidité moyenne en période difficile qui devrait rendre optimiste la profession pour la reprise qui s’annonce au second semestre 2021.
Par Bruno Cornec
rédacteur en chef
b.cornec@aucoeurdesvilles.fr