La fin 2022 a généré autant de sujets d’inquiétudes pour les buralistes que d’espoirs pour l’année qui suit. Les enjeux sont multiples, mais on peut en choisir six d’importance pour le réseau et ses fournisseurs.
S'ADAPTER AUX CRÉATIONS ET HAUSSE DE TAXES TABAC EN FRANCE
Dans le cadre du vote en cours du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2023, le gouvernement entend créer une forte taxe spécifique au tabac à chauffer et augmenter encore une fois la fiscalité sur tous les autres segments du tabac à partir de mars 2023 (voir page 18). Le détail de ces taxes sera connu lors de la promulgation de ce PLFSS avant le 31 décembre 2022. Après cette hausse de la fiscalité et donc des prix, les buralistes devront à nouveau s’adapter à une baisse du tonnage, comme en 2021 à - 6,2 % ou sur les dix premiers mois 2022 à - 7,1 %. Et pour ce faire, le gouvernement a déjà publié les huit dates auxquelles les fournisseurs pourront faire évoluer leurs prix du tabac (voir page 8).
HARMONISER LES TAXES TABAC EN EUROPE
Le gouvernement vient de répondre à la question d’un sénateur (voir page 9) en annonçant que dans le cadre de la révision de la directive européenne, la France souhaite remettre sur la table du collège des commissaires le 7 décembre 2022 le projet d’harmonisation par le haut des accises tabac. Reste à savoir si les États voisins qui profitent du différentiel de prix pour vendre du tabac aux consommateurs français seront favorables à cette idée.
ASSEOIR LA COMMERCIALISATION DES PUFFS DANS LE RÉSEAU
Devant le succès depuis plus d’un an de la vente d’e-cigarettes jetables dans l’Hexagone, les conséquences sont multiples. L’interdiction de vente aux mineurs n’étant pas systématiquement respectée par les différents canaux de distribution, les anti-tabac de l’association CNCT demandent purement et simplement l’interdiction des puffs. En réponse, la Confédération des buralistes réclame l’exclusivité de la commercialisation (voir page 10). De leurs côtés, les fournisseurs poursuivent les lancements, comme Seita avec son blu bar (voir pages 10, 24 et 52), ou High Society avec ses puffs Herbs à 5 % ou 10 % de CBD (voir page 50).
DÉFENDRE LA FILIÈRE CBD
Devant les enjeux financiers de la vente de ces produits en France, plusieurs sénateurs ont rappelé l’importance de ce marché y compris agricole (voir page 14). Depuis 1932, le chanvre est cultivé dans l’Hexagone pour atteindre 1 400 producteurs sur 17 000 hectares exploités en 2020 et même 22 000 hectares en 2022. Désormais, la France est le premier producteur d’Europe de chanvre et le quatrième mondial. Reste à développer un outil industriel français en lien direct avec le CBD, afin de ne plus importer dans notre pays les produits finis qui sont fabriqués dans l’UE, notamment avec le chanvre français. Rappelons que le kilo de fleurs de CBD est vendu par les agriculteurs à environ 600 € en 2022. Mais chacun attend avec impatience le verdict du Conseil d’État sur le fond, quant à l’autorisation de vente des fleurs et feuilles dans l’Hexagone (voir page 11).
RENFORCER LA FDJ ET LE PMU
Dans ce duo jeux et paris d’importance pour le réseau, c’est bien évidemment le Pari Mutuel Urbain qui cherche un second souffle. Le programme partenaire pour les points de vente sera-t-il la solution pour une relance durable des paris hippiques (voir page 16) ? À l’opposé, le succès de la Française des Jeux ne s’est jamais démenti depuis des années avec des croissances de revenus moyens à deux chiffres y compris chez les buralistes. Le programme Nirio et le rachat en cours des terminaux de vente Kapseo-Aleda complètent le dispositif à l’attention du réseau.
STABILISER LE MAILLAGE DU RÉSEAU
En passant de moins de 32 700 débits de tabac en France en 2002 à environ 23 000 en 2021 (hors Corse), le réseau a donc perdu près de 9 700 buralistes en une vingtaine d’années (voir page 34). De quoi inquiéter le métier, mais la fermeture des frontières pendant la pandémie de Covid de 2020 et 2021 a permis de ralentir ce phénomène avec seulement -200 débits en 2021. Un autre élément encourageant dans ce contexte difficile est la prolongation du Fonds de transformation jusqu’en 2027 (voir page 15) qui va permettre à d’autres points de vente de se diversifier en investissant dans l’embellissement et le merchandising.