20 octobre. L’association Buralistes en colère (et son président Éric Hermeline), qui est suivie sur Facebook par 6 420 followers, a été reçue à l’Assemblée nationale afin d’évoquer la situation de leurs confrères, par le président du groupe Les Républicains Damien Abad et quelques-uns de ses collègues députés LR : Josyane Corneloup, Emmanuelle Anthoine, Arnaud Vialla, Jean-Louis Thiériot, Thibault Bazin, Jacques Cattin et Marc Le Fur.
Le compte rendu :
« Au cœur de nos échanges, nous avons soulevé l'échec de la politique de santé, les difficultés que le réseau rencontre à cause de la fiscalité du tabac appliquée en France et qui engendre les faits suivants :
- L'érosion de la clientèle française vers les pays européens pratiquant une fiscalité bien en deçà et donc un coût du tabac bien inférieur adossé de surcroît d'offres promotionnelles (exemple : bouteille d'alcool lors d'achat de cartouches de tabac).
- L'impact sur les autres canaux de vente : presse, FDJ, bazar et autres, puisqu'un client qui ne rentre plus dans notre réseau ne consomme plus de produits annexes.
- L'échec de politique de santé démontrée de manière factuelle à travers les chiffres durant la période de confinement : 1 900 000 fumeurs français sont revenus consommer dans le réseau français.
- La perte de recette fiscale pour l'état qui s'élève à environ 6 milliards d'euros par an.
- L'explosion du marché de la contrebande avec 30 % d'achat hors réseau. Cet argent servant aux réseaux mafieux et terroristes, et qui ne fait qu'augmenter en même temps que nous subissons des augmentations.
- La diversification et la transformation qui ne répond nullement aux problématiques du réseau, seulement 417 dossiers validés à ce jour sur 24 000 buralistes certainement à cause de différents éléments : beaucoup de buralistes ayant déjà diversifié leurs offres sans attendre l'aide du fond de transformation pour pallier les précédentes hausses du tabac, trésorerie insuffisante, baux restrictifs, environnement concurrentiel, surface d'exploitation du commerce.
- La batterie de remises (complément de remise, remise compensatoire, remise transitoire, la prime de diversification des activités) qui ne compensent plus les pertes liées au tabac et qui sont soumises à trop de conditions.
- Les IFA : classiques et rurales qui ne sont plus adaptées non plus, face aux nombres de buralistes contraints de mettre la clé sous la porte et soumises elles aussi à trop de critères (exemple : IFA classique seulement 100 dossiers par an, alors qu'à ce jour plus d'un buraliste dépose le bilan par jour).
- Le non-respect de l’application de la limitation d'une cartouche par adulte achetée à l'étranger, faute d'effectif et de contrôle douanier.
- Les braquages, cambriolages, vols qui ne cessent d'augmenter à cause de la valeur des stocks que nous avons… Cette marchandise s'écoulant très facilement sur le marché noir et cette pratique étant quasiment impunie par la loi.
- Un fond de roulement qui doit augmenter en même temps que les augmentations de tabac.
(…) Le risque à terme étant d'avoir des zones blanches et in fine la perte du monopole pour les buralistes. Nous avons aussi insisté sur le fait que nous ne souhaitions pas vivre d'aides ou remises, mais simplement du fruit de notre travail, à savoir la vente de tabac qui reste et restera le produit d'appel aux sein de nos commerces.
Pour conclure, nous avons demandé :
- À être auditionnés par la commission que va être menée par Éric Woerth très prochainement, afin que celle-ci ait un autre écho que celle de la confédération dirigé par Philippe Coy, qui ne cesse de proclamer haut et fort que l'aide à la transformation va sauver le réseau. Force est de constater que c'est loin d'être le cas avec seulement 1,73 % de buralistes ayant bénéficié et fait appel à celle-ci.
- Nous demandons d'urgence une harmonisation fiscale européenne promise par M. Macron en 2017.
- À être entendus par les députés européens.
- Un renfort des contrôles douaniers pour respecter la limite d'importation de cigarettes achetées à l'étranger.
- Une restriction encore plus importante, à savoir : maximum deux paquets de cigarettes achetés.
- Une refonte des remises et IFA adaptées à nos difficultés.
- Une aide urgente pour les buralistes les plus touchés, à savoir les frontaliers. »
Légende photo : Les membres du bureau de Buralistes en colère qui ont été reçus à l’Assemblée nationale.