Tabac

BAT France, Philip Morris France et Seita | Mois sans tabac : trois cigarettiers prennent position

26 octobre 2021. Les filiales françaises de trois cigarettiers internationaux ont tenu à intervenir dans le débat public lors de la 6e édition du Mois sans tabac, qui aura lieu du 1er au 30 novembre. Une opération mise en place par l’Assurance maladie et par Santé publique France. Sur les deux dernières opérations écoulées, on constate un effondrement des inscriptions, en passant en 2018 de 241 000 inscrits, à 200 000 en 2019 et seulement 125 000 en 2020. Le 27 octobre 2021, seulement 68 082 personnes étaient inscrites.

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Mathieu Robiquet, responsable affaires publiques pour le vapotage : « Une occasion très importante d’informer les fumeurs »

Est-ce que l’opération Mois sans tabac est encore utile pour sa sixième édition ?

Mathieu Robiquet : Le succès de la dernière édition est en demi-teinte. Mais il s’explique aussi beaucoup par la crise de la Covid. L’opération Mois sans tabac reste une occasion très importante d’informer les fumeurs des nombreuses possibilités existantes pour sortir du tabac. Il faut saluer l’effort qui a été réalisé pour les deux dernières éditions, pendant lesquelles le vapotage a été officiellement ajouté à la panoplie de solutions. Mais la communication publique sur le vapotage reste bien trop rare. C’est malheureusement le seul moment de l’année où des messages positifs sont communiqués par les pouvoirs publics sur le vapotage.

Faut-il créer un Mois de la vape pour arrêter de fumer ?

Il vaudrait mieux que notre gouvernement crée un Quinquennat de la vape pour rattraper les cinq années que nous avons perdues par rapport au Royaume-Uni dont le ministère de la Santé promeut le vapotage depuis 2016 avec les résultats que l'on connaît : 3,6 millions de vapoteurs en 2021, dont la majorité ne fument plus.

La vape est-elle reconnue par les autorités sanitaires comme le meilleur moyen d’arrêter le tabac ?

Des étapes ont été franchies, ce qu’il faut reconnaître. Début septembre 2021, l’Institut national du cancer (Inca) a publié un guide rassemblant plus de 40 pages de conseils et astuces de professionnels de santé pour la prévention et la réduction des risques de cancer en France. Ainsi, et à l’instar de l’Académie nationale de médecine, qui avait, dès 2019 et à travers un communiqué, appelé les fumeurs « à ne pas hésiter » à choisir la vape face au tabac, c’est désormais l’Inca qui rappelle que la nicotine n’est pas, contrairement à une idée largement répandue, cancérigène et invite les fumeurs à préférer le vapotage. Ces efforts doivent être salués et relayés. Mais à part ces publications émanant d’entités parapubliques, le silence des pouvoirs publics est assourdissant. Aujourd’hui, il n’y a pas de politique publique volontariste pour inciter les fumeurs à se tourner vers un produit infiniment moins risqué que le tabac.

Pourquoi les autorités politiques ne mettent-elles pas en avant la vape en France ?

Le vapotage souffre de paradoxes en France auxquels les pouvoirs publics n’échappent pas. À la fois solution et problème, le vapotage est d’un côté recommandé pour arrêter de fumer, notamment pendant le Mois sans tabac. Il est dans le même temps considéré comme un outil attrayant pour les jeunes qui risquent de développer une addiction à la nicotine et pourraient être tentés d’aller in fine vers le tabac, ce qui est contesté par plusieurs études. Les pouvoirs publics avancent aussi inlassablement le principe de précaution. Aujourd’hui, on nous explique qu’on ne veut pas recommander le vapotage car on ne connaît pas encore ses effets à long terme et qu’on ne peut prouver son innocuité. L’ennui, c’est qu’on connaît les chiffres pour le tabac : 75 000 morts par an en France, dont 45 000 par cancer. Ce qui est encore plus incompréhensible, c’est que la France s’est dotée d’objectifs extrêmement ambitieux, tels que la réduction du nombre de cancers évitables, la réduction de la prévalence tabagique, une génération sans tabac en 2030, alors que dans le même temps, le nombre de fumeurs est pour la première fois, et depuis des années, reparti à la hausse en 2020. Qu’attend-t-on pour recommander plus volontairement le vapotage, plébiscité par ailleurs par de nombreux médecins ? C’est le choix qui a été opéré par les Britanniques et cela a fonctionné. Au Royaume-Uni, grâce à un accompagnement proactif des autorités recommandant de passer à la vape, la prévalence tabagique a été réduite de moitié en quelques années.

Mathieu Robiquet, responsable affaires publiques pour le vapotage, BAT France

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Jeanne Pollès, présidente : « Plus de 70 % des 20,5 millions d’utilisateurs d’Iqos dans le monde ont arrêté la cigarette »

Est-ce que l’opération Mois sans tabac est encore utile pour sa sixième édition ?

Jeanne Pollès : Il est toujours utile de se pencher sur la manière de sensibiliser et d’accompagner les fumeurs vers l’arrêt de la cigarette. Le Mois sans tabac doit donc être l’occasion de se poser toutes les questions qui permettront de construire une politique de santé publique efficace, qui porte ses fruits et ouvre une porte de sortie au plus grand nombre de fumeurs possible.

 

Faut-il créer un Mois de la vape et du tabac à chauffer pour arrêter de fumer ?

La vraie question est : que fait-on pour les fumeurs qui n’arrêtent pas ? Un quart des citoyens français fument. Certes, il est essentiel de faire de la prévention et de la cessation. Cependant, il est aussi essentiel de réfléchir à la place des alternatives sans combustion, donc moins nocives, dans la politique de santé publique. Car, si elles ne sont pas sans risques, elles offrent un bien meilleur choix aux fumeurs adultes qui ne s’inscrivent pas dans une démarche de cessation de l’usage de nicotine.

 

Le tabac à chauffer est-il reconnu par les autorités sanitaires comme l’un des meilleurs moyens d’arrêter le tabac ?

Les alternatives sans combustion comme le tabac à chauffer sont un moyen efficace pour arrêter la cigarette. Pour preuve, plus de 70 % des 20,5 millions d’utilisateurs d’Iqos dans le monde ont arrêté la cigarette. Un chiffre d’autant plus à méditer par les autorités de santé qu’un certain nombre d’études scientifiques indépendantes, telles que celles menées par l’Institut Pasteur ou encore la FDA [autorité sanitaire aux États-Unis, NDLR], confirment la moindre nocivité du tabac à chauffer comparé à la cigarette. Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas encourager les fumeurs à arrêter toute consommation de nicotine, car cela reste la meilleure chose à faire pour un fumeur, mais cela signifie à tout le moins que le tabac à chauffer et l’ensemble des alternatives devraient être considérés comme un moyen de sortir de la cigarette.

Pourquoi les autorités politiques ne mettent-elles pas en avant le tabac à chauffer en France ?

C’est une question qu’il faut leur poser. Mais il semble qu’un certain nombre d’associations anti-tabac usent de leur influence et d’un lobbying dogmatique pour exclure le tabac à chauffer du débat sur les politiques de santé publique sans se poser la question de l’efficacité des solutions proposées aux fumeurs et ce, malgré les études scientifiques indépendantes existantes qui convergent toutes dans la même direction. Il est dommage que leur seule préoccupation ne soit pas d’apporter des solutions aux 11 millions de fumeurs français qui continuent de fumer.

Jeanne Pollès, présidente de Philip Morris France

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Cyril Lalo, responsable des affaires publiques : « La vape est 95 % moins nocive que le tabac »

Est-ce que l’opération Mois sans tabac est encore utile pour sa sixième édition ?

Cyril Lalo : C’est un programme ambitieux pour accompagner les fumeurs qui le souhaitent dans la sortie de la cigarette, mais qui atteint aujourd’hui ses limites. Le nombre de participants est en baisse d’année en année : avec 125 000 participants pour l’édition 2020, soit deux fois moins qu’en 2018. Peut-être qu’il est temps pour les organisateurs de cette opération de faire un point sur la réalité de l’arrêt de la cigarette : les fumeurs choisissent majoritairement la vape, parce qu’elle permet de sortir du tabac sans désagrément. Ainsi, le Mois sans tabac devrait pousser cette alternative bien davantage.

Faut-il créer un Mois de la vape pour arrêter de fumer ?

Cela pourrait être une bonne option, comme l’a fait le ministère de la Santé au Royaume-Uni. Mais un mois dans l’année n’est certainement pas suffisant. Aujourd’hui, les études démontrent que la vape est 95 % moins nocive que le tabac et deux fois plus efficace que les substituts nicotiniques. Les vapoteurs sont plus de trois millions en France, à 98 % anciens fumeurs. La vape est une réalité et les pouvoirs publics doivent dès maintenant la placer au cœur des politiques de lutte contre la prévalence tabagique, pas uniquement sur le site de Tabac Info Service.

La vape est-elle reconnue par les autorités sanitaires comme le meilleur moyen d’arrêter le tabac ?

Tout dépend du pays que vous observez. En Europe, les choix faits par les pouvoirs publics sont différents : le Royaume-Uni a misé sur la vape pour réduire la prévalence tabagique, avec les succès que l’on connaît : aujourd’hui, le taux de prévalence tabagique est de 13 %, alors qu’il y a quelques années, il était de plus de 25 %. En Scandinavie, c’est le snus qui est promu comme alternative à la cigarette. Et moins de 10 % des adultes sont fumeurs. En France, les autorités sanitaires ont fait le pari de l’abstinence, des patchs à la nicotine et de la hausse des taxes sur les produits du tabac. Le taux de prévalence tabagique était en 2020 de 31,8 %, soit quasi identique à celui de 2005, malgré un paquet de 20 cigarettes deux fois plus cher. Trois exemples de politiques sanitaires, mais des résultats qui laissent songeur sur le choix français.


Cyril Lalo, responsable des affaires publiques, Seita (Imperial Brands)

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