À L’INTERNATIONAL
Les bilans 2020 des grands cigarettiers mondiaux sont clairs : le tonnage global vendu des produits du tabac qui se fument (cigarettes, tabac à rouler, à tuber...) est en chute à un ou deux chiffres (voir page 8). Seuls quelques segments mineurs font exception et progressent en volume comme les produits naturels (sans pesticides, insecticides...), ou les cigarillos blonds, tabacs coupe large... À l’opposé ce qui ne se fume pas, le tabac à chauffer et même le tabac à mâcher (interdit dans la plupart des pays européens sous sa forme grand public) sont en forte croissance à deux chiffres dans le monde entier.
Déjà de grands cigarettiers, comme le britannique BAT, voient plus loin et s’intéressent au CBD, avec l’expérimentation du Vuse au cannabidiol au Royaume-Uni, ou investissent dans le cannabis, avec l’acquisition de presque 20 % du capital du producteur de cannabis canadien Organigram (voir page 10).
Toujours dans les comptes annuels de ces grands cigarettiers, on constate que la vape poursuit une forte croissance. Les alternatives au tabac qui se fument devraient donc se développer fortement dans les années qui viennent.
EN FRANCE
Pour le CBD, la situation française n’a guère évolué avec toujours une absence de trans- position juridique des décisions judiciaires européennes et aucune jurisprudence. Seules quelques décisions en première instance, comme la relaxe de 31 boutiques spécialisées de CBD à Grasse, font patienter les buralistes en attendant un éventuel arrêt de la Cour de cassation qui se fait lui aussi attendre, et qui était prévu initialement à la mi-février 2021. Dans l’expectative de l’une de ces deux solutions, quelques procureurs vindicatifs, tel celui de Saintes (Charente-Maritime), menacent tout de même de prison certains commerçants spécialisés, comme un fleuriste (voir page 10). Mais il faut espérer que les juges, là aussi, relaxeront les intéressés. Le cannabis médical, en revanche, avance désormais à grands pas, avec un premier patient qui s’en est vu prescrire à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) le 26 mars 2021. 3 000 autres personnes seront également traitées au cannabis dans 215 structures hospitalières, avec un bilan de cette expérimentation prévu en septembre 2023.
Le cannabis récréatif avance, lui, à petits pas et toujours confronté à une opposition ferme de l’exécutif, dont celle du Premier ministre Jean Castex. De son côté, la mission parlementaire sur le cannabis récréatif, regroupant des députés de toutes sensibilités politiques, devrait faire des propositions en avril 2021 (voir page 9)... même l’ancienne ministre de la Justice et possible candidate aux primaires des Républicains pour 2022, Rachida Dati, qui était bien connue pour ses positions anti-cannabis, commence à ouvrir certaines portes à sa possible légalisation un jour (voir page 9).
Dans ce contexte d’incertitudes, les buralistes comme d’autres commerçants peuvent sans doute apercevoir le bout du tunnel Covid progressivement en mai-juin-juillet 2021, si l’on en croit le discours du président de la République du 31 mars 2021.
Par Bruno Cornec
rédacteur en chef
b.cornec@aucoeurdesvilles.fr