Le premier arrêté d’homologation des prix du tabac de 2025, applicable depuis le 1er janvier, a officialisé d’importantes augmentations de prix sur tous les segments du tabac : de 30 à 50 centimes sur les paquets de 20 cigarettes, de 60 à 95 centimes sur les paquets de tabac à rouler en 30 g, de 20 à 40 centimes en équivalents paquets de 20 cigarillos (voir page 37). Ces hausses de tarifs s’expliquent notamment par la transposition exigée par l’État français chaque année en janvier de l’inflation, ainsi que par la hausse importante des prélèvements obligatoires sur le chiffre d’affaires des fournisseurs de tabac destinés à Alcome, qui s’occupe du financement de la collecte des mégots dans les lieux publics et de leur recyclage.
Ainsi, cet éco-organisme doit verser aux communes signataires d’une convention jusqu’à environ 2 € par habitant. L’objectif de l’État est d’atteindre une couverture d‘environ 75 % de la population française dès fin 2024 et même 90 % fin 2025. Donc, chaque année, le budget d’Alcome grimpe considérablement : 12 millions d’euros (M€) en 2022, 31 M€ en 2023, 61 M€ en 2024 et 74,60 M€ en 2025, soit environ +20 % par rapport à l’année précédente. Avec cette croissance des taxes et prélèvements obligatoires qui pèsent sur les producteurs de tabac et, par conséquent, sur les prix de vente, la situation des buralistes ne va pas s’arranger.
-11,8 % sur le cumul 2024 à fin novembre sur le tonnage tabac sont constatés en France, après les trois années précédentes de baisses des ventes chroniques en volume chez les buralistes : -7,9 % en 2023, -6,7 % en 2022 et -6,2 % en 2021 et les -0,5 % en 2020 pendant l’année de fermetures des frontières nationales (voir page 22). Des baisses conséquentes du tonnage que l’on retrouve aussi sur le chiffre d’affaires (tous segments confondus) : -3,4 % sur 11 mois en 2024, -1,1 % en 2023, -6,7 % en 2022 et -1,2 % en 2021. Ce qui mécaniquement débouche sur une baisse des revenus des buralistes, puisque leur remise est proportionnelle au chiffre d’affaires TTC, malgré les légères hausses en pourcentage de cette rémunération nette chaque année, qui passe de 8,25 % en 2024 à 8,35 % depuis début janvier 2025. Ceci aboutit à une chute massive d’activité dans le réseau des débitants de tabac.
Selon une étude publiée début décembre 2024 sur le marché parallèle d’Ernst & Young / Ifop (voir page 6). Ce qui confirme à grands traits l’enquête de KPMG, qui annonce 43,2 % en 2023 de la consommation française issue du marché parallèle, dont un quart en achats transfrontaliers légaux. De son côté, Vitalii Kochenko, président de BAT France, confirme que « les politiques publiques sur le tabac conduisent à l’explosion du marché parallèle » (voir page 30). Même les stratégies de sevrage tabagique n’obtiennent plus de résultats significatifs, à l’image du Mois sans tabac, avec -15,10 % d’inscrits pour la 9e édition en novembre 2024. Cette opération coûte tout de même 12,50 M€ en moyenne par an pour, par exemple, 133 000 personnes cette année (voir page 7).
Les seules solutions efficaces pour le sevrage tabagique sont ainsi menacées. Le gouvernement démissionnaire a annoncé sa volonté dans les semaines ou mois à venir d’interdire les sachets de nicotine, qui ont également subi les assauts médiatiques du CNCT (Comité national contre le tabagisme), qui accuse ces produits de contenir de l’arsenic (voir page 12). Ces mêmes autorités françaises ont aussi été cosignataires avec 15 autres pays membre de l’UE d’une demande officielle adressée à la Commission européenne pour réglementer plus strictement et taxer toutes les alternatives au tabac combustible, dont le vapotage et le tabac chauffé, dans le cadre de la révision de la Directive sur le tabac et ses produits connexes.
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