22 octobre 2025. La Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives et les douanes ont publié un communiqué au sujet des résultats de l’étude Tafe (commandée par la Mildeca à deux professeurs d’université), qui « estime la part des produits du tabac échappant au réseau des buralistes à 17,7 % en moyenne, pour un volume moyen de tabac échappant à la fiscalité de 8 081 tonnes, soit 4,3 milliards d’euros échappant à la fiscalité du tabac en France. »
Ce chiffre peut paraître étonnant tant il varie de ceux publié depuis des années par KMPG et E&Y. Il faut dire que les méthodes d'analyses retenues par l'étude Tafe sont totalement différentes de celles des deux cabinets de conseil. L'étude TAFE se base sur des simulations de volume livrés et sur des études de 2021 et 2023, notamment l'étude EROPP de l'OFDT. La méthodologie KMPG et E&Y se base notamment sur des enquêtes "ramasse paquet" en plus des évolutions de volumes livrés.
Le communiqué de la Mildeca-Douanes affirme que l’étude Tafe est une « estimation scientifique indépendante », mais il faut rappeler qu’elle a été conduite par les professeurs des universités Sophie Massin et surtout Christian Ben Lakhdar, qui est membre du Conseil d’administration du CNCT et qui participe régulièrement à des colloques ou des événements de ce Comité national contre le tabagisme. En termes d’« indépendance », on doit pouvoir trouver mieux.
Selon la conclusion de la synthèse du rapport Tafe : « Les estimations issues de cette recherche confirment que depuis 2018 et en fonction des années le TAFE concerne environ 11 à 20 % du marché du tabac en France, avec une perte fiscale annuelle comprise entre 1,5 et 5,8 milliards d’euros. En 2023, on peut raisonnablement estimer le TAFE entre 5 267 et 10 895 tonnes pour une moyenne de 8 081 tonnes, soit de 12,3 à 22,4 % de la consommation (17,7 % en moyenne), et une perte fiscale située entre 2,8 et 5,8 milliards d’euros (4,3 milliards d’euros en moyenne). Les achats transfrontaliers constituent la principale source de contournement fiscal, bien loin des scénarios alarmistes sur le marché noir présentés par les études financées par l’industrie du tabac. Le profil des TAFEurs est plus hétérogène qu’on ne l’imagine : les jeunes actifs des zones frontalières ou urbaines sont les plus concernées, indépendamment de leur situation sociale. »
Rappel : La Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) est un organisme officiel financé par l’État et créé en 1982. Le comité de pilotage de cette étude est composé de la Mildeca, de la douane, de Santé publique France (SPF), de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) et de la Direction générale de la santé (DGS).
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